Résumé
En France, la « Défense » reste profondément marquée par l’héritage gaullien. Il est vrai que le fondateur de la Vème République, instruit par l’Histoire, avait donné à cette fonction régalienne par excellence une cohérence sans égale. Dans le monde bipolaire d’alors, sous menace nucléaire, il en avait fait un instrument majeur de la politique d’indépendance de la France, articulant fortement une haute ambition nationale, une doctrine clairement affirmée, des structures adaptées et une stratégie des moyens volontariste. Telle était la puissance du modèle que l’ordonnance de 1959 qui en avait donné les grandes orientations demeure aujourd’hui la référence générique. Or, nul ne disconviendra que le monde a profondément changé : ruptures et mutations, d’ordre à la fois politique, géostratégique, technologique, économique ou sociologique se conjuguent pour poser la question de la « Défense » dans des termes radicalement nouveaux. En quoi ces bouleversements mettent-ils en cause la conception d’une « Défense globale » ? L’enjeu reste-t-il la « survie de la nation » à l’heure de la construction européenne et de la mondialisation ? La « Défense », notamment militaire, reste-t-elle l’instrument d’une « haute ambition nationale » ? Quelle peut être celle-ci dans le monde d’aujourd’hui ? En avons-nous les moyens ? Telles sont les questions qui nourriront la réflexion.